Shelby SC Cobra
LA TERRIFIANTE COBRA FUT MAINTES FOIS COPIEE OU PLAGIEE. DEPUIS PEU, L’ESSAI EST CETTE FOIS TRANSFORME: L’OBJECTIF D’AC, A NE PAS CHERCHER LA COPIE, MAIS L’EVOLUTION DU MODELE, EST ATTEINT!
Une maîtresse insatiable, capable d’un coup de sa croupe rebondie d’éjecter du paddock le veule soupirant! Les acrobaties des pilotes qui osaient la défier érigèrent la Cobra en un totem du plaisir automobile absolu. Rare, inaccessible et formidablement tentatrice. Disparaissant en 1967, ce fut l’auto la plus copiée au monde. Si quelques esthètes eurent les moyens de faire fabrique par d’obscures officines des exemplaires proches de l’origine, une véritable ferveur populaire associa aussi la Cobra à des tentatives plus ou moins pathétiques: châssis en tuyau de chauffage, V6 asthmatique, rondeurs approximatives… Dans cette quête désordonnée, quelques artisans furent aussi la cible de règlements judiciaires: les possesseurs de la marque AC, mais aussi Carrol Shelby et Ford, veillaient au respect de la mémoire! Après maints atermoiements, Shelby relança au compte-goutte la fabrication, sans pouvoir utiliser le nom de Cobra qui demeurait dans le giron de Ford.

AC GTS

AC GTS 03 back
En 2009, une holding racheta la marque AC avec pour objectif de construire non pas une réplique mais une continuité logique au modèle original…
Le venin nouveau est arrivé! Interdiction de l’appeler Cobra! Baptisée Mk VI GT comme une suite naturelle aux modèles précédents, l’AC en impose sous les sunlights du show-room. Rouge comme le pêché, l’exemplaire porte le numéro 001. De toutes ses courbes aguicheuses, elle exsude le vice. Le pantographe est resté sur les étagères des nostalgiques, la Mk VI GT se contentant de reprendre le dessin de son aîeule. Tout de cuir tendu, l’habitacle m’étonne par le soin accordé à sa fabrication. Un oeil gourmand sur les recoins intimes constate la même application. Nul détail ne semble avoir été laissé au hasard, et la qualité d’exécution et des matériaux forcent l’admiration. Nous sommes loin de l’approximation parfois poétique de l’artisanat britannique… Et pour cause! La marque AC a quitté son ile pour s’installer à Heyda, à quelques kilomètres de Dresde au coeur de l’ancienne RDA. La qualité germanique au service de l’exotisme anglais: l’usine qui, assemble les AC a longtemps restauré et refabriqué des Mercedes 300 SL « papillon »… Techniquement, le châssis tubulaire a été conçu pour accepter des puissances titanisques, les triangles superposés issus de la compétition reçoivent des combinés réglables BW, les disques Brembo disposent de six pinces à l’avant , quatre à l’arrière, et le fin capot dévoile une carrosserie composite mélant la fibre et les particules d’aluminium. Léger et d’une résistance accrue, ce procédé permet de présenter des peintures d’une brillance et d’une profondeur exceptionnelles. En vue de futurs développements, AC a choisi une mécanique de chez General Motors!
Point de V8 Ford donc, mais une autre référence de muscle car avec le V8 LS3 6,1 litres équipant la Corvette. La Mk VI en version GT affiche ainsi 437 ch (voire 780 ch sur les version GTS et GTR) pour 1’050 kg! Le monstre étant capable d’abattre le 0 à 100 km/h en 3,7 sec. et de taper le 280 km/h, j’en arrive à regretter la présence sournoise de quelques plaques de

AC Cobra intérieur
verglas matinales… Au prix de contorsions multiples, je m’installe dans le profond baquet. Mes genoux tapent la planche de bord mais, raffinement suprême, un bouton permet de régler électriquement le pédalier. Le buste près du volant, la place reste tout de même comptée. Pendant que le V8 vocifère son mécontentement à sortir par ces températures négatives, j’écoute les recommandation de mon instructeur. La première s’engage fermement et, sur un filet de gaz penaud, je lâche le fauve. Les échappement latéraux envoient la musique, les rapports se montent sans excès de fermeté au vu du couple que la boîte encaisse. Le moindre frisson sur l’accélérateur déchaîne le tempête. La présence de l’anti-patinage qui coupe mes empressements précoces me chagrine. Je tourne la molette pour virer l’assistance, fixe un point à 600m et j’appuie. En une nano seconde, l’arrière déboîte avec une sauvagerie effrayante. Me voici transformé en homme-canon! Sans quitter la route des yeux, je rajoute 25% sur la molette pour calmer le jeu. L’AC devient plus rigoureuse mais, à l’évidence, ne supporte pas les demi-portions. Le travail effectué par les gens d’AC dénote incontestablement une très grande habileté. Face à la débauche superflue et comme qui inonde le marché des supercars. la Mk VI a tous les atouts pour entrer dans la légende…