Caterham 7 Roadsport
La seven Roadster de 120 ch est le modèle le moins puissant – et le moins cher de la gamme Caterham. Et aussi mon préféré! Voici pourquoi…

Caterham 7 Roadsport
Avec sa bouille impayable, la Caterham Seven Roadsport de 2013 n’est visuellement guère différente du modèle S3 fabriqué par Lotus. Depuis plus de cinquante ans, nous nous sommes habitués à son look singulier que seuls les Seveners impénitents qualifieront de réussite esthétique. Certes, la coque en alu brut lui donne une certaine noblesse, mais la provenance et la qualité des composants ainsi que le montage artisanal ne peuvent la faire prétendre au titre de reine de beauté. De face, avec son air de suricate étonné, la Cat amuse la galerie, mais son arrière tronqué fera toujours penser à une remorque bagagère! Cela dit, vous n’aurez pas le loisir de vous moquer longtemps de son popotin car, à moins d’être vous-même à bord d’une Seven, vous risquez d’être largué au premier virage… Enjambons le bastingage sans craindre d’abîmer le siège en pur skai des Alpes, rentrons la brioche, glissons-nous derrière le minuscule volant et harnachons-nous. Comment ça, on ne sent qu’une pédale? Il y en a bien trois… dans vingt centimètres de large!
Le bonheur existe. Le pare-brise droit offre toujours une protection symbolique. Le vent glacial s’engouffre en tourbillonnant – pour jouer les purs et durs, on a laissé les side-screens au garage – tandis que je vois les roues avent danser la gigue sans ressentir de parasitage au volant. Les longues ailes de libellule ne sont plus disponibles, remplacées par des éléments moto plus efficaces mais moins poétiques. Je ne me souvenais pas d’un tel confort, le vieux crabe que je suis s’étant tassé les vertèbres sur la banquette spartiate des Seven du passé. Rançon du maintien, on se sent plus engoncé. L’autre différence qui me saute aux oreilles est la discrétion de l’échappement. Avec son catalyseur obligatoire et un vrai silencieux, la Roadsport ne dispense plus le grognement suggestif des versions à moteur Kent. Même les Caterham à 4-cylindres Rover K semblaient plus expressives. En revanche, le Ford Sigma se montre d’une grande disponibilité, mais manque de pêche à bas régime. Peu importe, même munie d’un moteur de moulin à café ou de tondeuse à gazon, la Cat serait encore capable de distiller ce plaisir intense et unique. Chaque balade pose le même questionnement: pour quelle raison existe-it-il encore d’autres autos sur le marché? On ne le répétera jamais assez, le bonheur procuré par la conduite d’une Seven n’est pas proportionnel à la puissance disponible. Saut si vous êtes un acharné des track-days, et encore… Forte de ses 120 ch, la Cat vient à bout de tout ce qui encombre inutilement nos routes. Avec la Roadsport, on revient aux sources du plaisir, où la finesse du pilotage compense allègrement le débordement de la cavalerie. Cette Caterham n’est pas une autre pour lourdingue. A peine plus de 550 kg en ordre de danse.

Caterham 7 Roadsport
Mieux vaut avoir suivi des cours de tango que soulevé de la fonte. Avec elle, on apprend à fignoler son freinage – les quatre disques suffisent amplement pour taper dans les freins après tout le monde – et sa trajectoire. C’est si bon, qu’aller chercher le pain ou simplement humer l’air du temps devient une fête et le moindre rond-point prend des allures de Grand Prix. D’un mouvement bref du poignet, on joue du joystick de la boîte, d’un battement imperceptible du volant, on place le nez de l’auto avec la précision d’un neurochirurgien et, d’un pied dévergondé et agile, on la fait pivoter jusqu’à provoquer une glisse progressive du train arrière. C’est stupide, je vous l’accorde, mais délicieux. La Roadsport est la seule auto qui fait croire aux pinces de mon espèce qu’ils ont la carrure d’un champion du monde de F1. Les versions affûtées dotées d’une monte pneumatique plus belliqueuse n’auront jamais ce caractère insouciant. Voilà peut-être un des secrets de la magie Seven. Cultiver le paradoxe, conjuguer un tempérament frivole et un comportement d’une redoutable efficacité. La Seven fonce sur ses soixante printemps? La belle affaire! Avec elle, goûtez au bonheur éternel!